(Jõgeva 1906 – Tartu 1989)
Après des études de langue et littérature estoniennes à l’université de Tartu (1924-1927), elle débuta son œuvre littéraire par des romans de facture réaliste : Tuulearmuke (L’Amante du vent, 1927) décrit les aspirations à l’indépendance d’une jeune fille issue d’un milieu petit-bourgeois ; Invaliidid (Les Invalides, 1930) est centré sur la vie des pêcheurs du littoral estonien. Betti Alver se détourna ensuite de la prose pour se consacrer à la poésie. Son poème épique Lugu valgest varesest (Histoire de la corneille blanche, 1931) tourne en dérision la société bourgeoise de l’entre-deux-guerres. Membre du groupe des Arbujad (Les devins), qui rassemblait à la fin des années trente de jeunes poètes épris de formes classiques, elle cultiva une poésie philosophique exaltant la liberté de l’individu et de la création. Son premier recueil, Tolm ja tuli (La Poussière et le feu, 1936), qui s’inspirait de la poésie française et russe, impressionna par la perfection musicale de ses vers et l’imposa comme une poétesse majeure. Sous le régime soviétique, expulsée de l’Union des écrivains en 1950 pour « nationalisme bourgeois », elle se consacra principalement à la traduction (Goethe, Pouchkine, Gorki) et ne recommença à publier ses propres textes qu’en 1965. La poésie de sa dernière période porte la marque du souvenir des épreuves traversées (son premier mari, le poète Heiti Talvik, était mort en déportation en Sibérie) et exalte la dignité éthique et l’indépendance d’esprit de l’individu. — AC