Deux poèmes

Traduit de l’estonien par Jean-Luc Moreau

     

ARVO PÄRT

Ces accords répétés
écho des cloches
cet incessant déferlement
fleuve sacré des sons
angélus de tendresse
ce houleux reflux
sur d’angéliques gammes
ô tendresse des cloches
ô de l’essentielle simplicité
angélus



Tel le flot de la mer roulant les galets sur la plage,
je vous offre quatre vocables
de ma langue maternelle dans laquelle déjà chantait,
dans l’Odyssée, l’ancêtre Homère,
il y a trois mille ans :
ouranos, hélios, thalassa, élefthéria —
ciel, soleil, mer, liberté.
Et avec quatre mots de sa langue maternelle,
Odysseus Elytis
put emporter la Toison d’or.
Cela se passait dans la capitale de la Suède
en 1979. Moi j’étais ce témoin ravi
qui dans l’archipel de la Méditerranée,
de la Baltique avec le poète, en esprit,
de concert naviguait,
et comme les grains d’ambre d’un rosaire,
ces quatre mots de grec ancien,
un à un,
caressait.