Johannes Barbarus (pseudonyme de Johannes Vares, 1890-1946), médecin et poète, fut membre des groupes littéraires Siuru et Tarapita. Dans ses recueils Geomeetriline inimene (L’homme géométrique, 1924) et Multiplitseerit inimene (L’homme multiplié, 1927), il se réclame du cubisme et du constructivisme. Employant à profusion des métaphores géométriques ou arithmétiques, ainsi que des termes techniques ou scientifiques jusqu’alors inconnus de la poésie estonienne, il ambitionne de décrire l’homme moderne dans un monde urbain dominé par la technique et la vitesse. Il utilise pour cela un vers nerveux et saccadé, tantôt libre tantôt régulier. Il pratique également les poèmes-collages et les poèmes «sur plusieurs plans», juxtaposant deux, voire trois textes parallèles qui permettent d’évoquer une même réalité de plusieurs points de vue. Dans les années 1930 cependant, son œuvre s’assagit. L’expérimentation formelle cède la place à l’expression de ses préoccupations politiques. Il exprime notamment son insatisfaction à l’égard de la société bourgeoise, puis affirme son engagement antifasciste et communiste. En juin 1940, il fait partie des quelques intellectuels estoniens qui se rallient au régime soviétique. Il est d'abord nommé Premier ministre, puis président du Soviet suprême. Lorsque l'Estonie est occupée par l'Allemagne, en 1941, il se réfugie en Union soviétique. Revenu en Estonie dans le sillage de l'Armée rouge en 1944, il se suicide à Tallinn en 1946.