Le vent hurle dans la cheminée.
Derrière le soupirail, une vie… humaine. Un rond de lumière brille derrière les branches nues des arbres. Sa lumière rend fou les poètes depuis des siècles – surtout dans les villes.
Derrière le mur, les tuyaux avec le compteur d’eau gargouillent et sentent mauvais, là vivent des rats.
Le jour, on peut voir derrière la fenêtre des groseilliers à maquereaux, des pommiers. Une vraie friche, un jardin à l’abandon ! Un pauvre petit jardin de printemps précoce et d’hiver tardif… un merle y vit – sans doute a-t-il passé l’hiver là. Et parfois un chat noir marche devant la fenêtre, il regarde aussi à l’intérieur !
Sous la cuisinière brûle la tourbe qui va s’éteindre. Elle brûle avec une flamme mauve. Il est encore tôt pour fermer la plaque de tirage.
Derrière la fenêtre, toujours la même nuit, le même rond de lumière, les mêmes branches nues.
Les mêmes branches nues. Ce petit monde derrière la fenêtre. Mais au loin tout est différent. Là il y a d’autres mondes. Derrière ce monde, il y a d’autres mondes.
Et dans l’âme humaine aussi, il y a d’autres mondes. Des mondes où l’homme n’est encore jamais allé et où jamais peut-être il ne pourra se trouver, où il ne parviendra jamais.
Traduit de l’estonien par Guillaume Gibert