Tombeaux sans croix
Le village sommeillait dans la paix dorée d’un après-midi d’automne. La mousse, recouvrant presque entièrement les toits de chaume, verdoyait après les récentes pluies. Les bouleaux, dans les enclos, perdaient leurs feuilles jaunies, et les érables, de place en place, découpaient leurs flammes rouges sur le fond sombre de la forêt de pins. C’était au début d’octobre 1944. À cette époque de l’année, jadis, dans les temps heureux, les batteuses tournaient du matin au soir ; on engrangeait le blé, et les chariots de pommes de terre se succédaient aux portes des celliers.